L'Atelier d'AngelMJ


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Sailor Moon : le shôjo multigenre ?

Nos goûts changent. C’est un fait indéniable que je constate jour après jour et année après année. C’est pour cela que j’essaie toujours de revoir mon jugement sur certaines choses, qui plus est quand le dit jugement n’était pas positif.

Il y a quelques années (durant mon BTS plus exactement), j’avais en classe une amie avec qui j’échangeais régulièrement des mangas. Je lui prêtais mes shônens, elle me prêtait ses shôjos. C’est grâce à elle que j’ai découvert Card Captor Sakura mais aussi Sailor Moon. Certes je connaissais la série TV des années 90 (j’en ai parlé rapidement ici), mais je n’avais encore jamais touché à l’œuvre d’origine. Et je n’ai pas aimé. Mais pas du tout du tout. Il faut dire que la traduction était très moyenne, l’impression de qualité discutable et l’histoire m’avait paru insipide au possible. Bref je suis resté sur une mauvaise impression et ne me gênait pas pour le dire à toute occasion. Mais comme dit, nos goûts changent (en même temps vu l’intro, vous voyiez le truc venir).

Très récemment, le manga m’est retombée dans les mains. Nouvel éditeur, nouvelle traduction et nouvelle impression, on sent que le travail avait été pris très au sérieux pour fêter dignement les 20 ans de la série. Qu’à cela ne tienne, je me suis dit que c’était l’occasion de peut-être revoir mon jugement et me suis replongé dans l’œuvre culte de Naoko TAKEUCHI. Voici donc mon nouveau ressenti, plus de 10 ans après.

Pour commencer, cette nouvelle édition fait enfin honneur au trait de la mangaka. On est dans quelque chose de très doux et aérien. Il faut bien sûr tolérer la sur-utilisation de trames en tout genre mais il n’empêche que TAKEUCHI a un coup de crayon plaisant et identifiable. La mise en scène se veut efficace, bien que parfois confuse (surtout au niveau des combats). L’action n’est clairement pas le point fort du récit, mais avec du recul je me dis que ce n’est pas forcément le cœur du manga.

En parallèle, la mangaka nous propose une histoire en 5 arcs scénaristiques. Les 2 premiers restent assez énigmatiques pour moi et il m’a fallu faire preuve de persévérance pour en venir à bout. Mais concernant la suite, j’ai enchaîné les tomes avec facilité et plaisir. Le récit gagne en force à mesure qu’il gagne en noirceur et je ne vous cache pas mon affection les 3e et 5e arc (bien que ce dernier m’est semblé quelque peu expédié sur la fin).
À dire vrai, l’intérêt de Sailor Moon en tant qu’œuvre est cette manière particulière de mélanger de la romance avec des enjeux beaucoup plus graves. La légèreté du trait de la dessinatrice et la candeur de ses personnages centraux n’enlèvent en rien à l’intensité que l’on peut ressentir durant certains affrontements. Alors certes il faut quand même rentrer dans le délire, car mine de rien c’est très fantaisiste et un peu mièvre par moment. Mais étrangement une alchimie opère au fil des pages, et on se prend d’affection pour notre héroïne et tous ses compagnons.

D’ailleurs, je pense que les personnages sont la grande force du manga. Usagi/Sailor Moon propose une évolution très intéressante et m’a paru beaucoup moins niaise que dans la série TV des années 90. Elle s’avère être une héroïne forte et déterminée donc le leadership sera rarement remis en question. Même Chibi Usa (dont je gardais un souvenir très désagréable) m’a laissé une bien meilleure impression au travers des arcs 3 (surtout) et 4 (un peu).
Mais j’ai surtout un gros coup de cœur pour les dernières Sailors introduites, à savoir Uranus, Neptune, Pluto et Saturne. Elles apportent énormément de nuance au propos et m’ont semblé bien plus travaillées que les 4 Sailors d’origine. À l’inverse, je trouve que le coche a été complètement raté pour les Sailors Starlight, qui souffrent d’un sous-développement assez visible malgré un fort potentiel (mais je trouve qu’il y a un problème général avec le dernier arc).

En conclusion, je ressors de cette deuxième expérience avec un avis bien plus positif. Si la série a du mal à démarrer, la lecture est bien plus agréable une fois immergé dans l’univers de la mangaka. Sailor Moon est ainsi un shôjo très original, presque avant-gardiste sur certains aspects et qui m’a surpris par son inventivité, surtout pour un genre aussi codifié que le magical-girl (même si je trouve que la série est plus proche du sentai par moment). Bref, pas déçu de lui avoir donné une seconde chance et bravo à l’éditeur Pika pour cette réédition d’excellente qualité.


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Pandora Hearts : Les chaines du destin

Je pense que tout lecteur connait cette sensation lorsqu’il termine une série qu’il affectionne : d’un côté on se réjouit de voir une belle aventure aboutir, et de l’autre on est triste de quitter de manière définitive un univers et des personnages auxquels on s’était attaché. Et lorsque j’ai fermé le dernier volume du manga Pandora Hearts, cette étrange sensation était bien présente. Retour sur une série débutée en 2010 aux éditions Ki-oon et qui cache beaucoup plus de potentiel que l’on ne pourrait le croire.

Pour être honnête, j’ai mis un petit moment avant de m’y mettre. Lancé en grande pompe par son éditeur, Pandora Hearts ne m’a pas attiré tout de suite car je n’y voyais qu’une énième série pour midinettes surfant sur la mode gothic, bourrée de bishōnens et usant encore une fois de références à l’univers d’Alice aux Pays des Merveilles (visiblement, les japonais sont à fond sur cette œuvre…).
Cependant, ayant malgré moi succombé à la patte graphique de la mangaka Jun MOCHIZUKI (comme quoi, je peux me laisser séduire par la forme avant le fond), j’ai été agréablement surpris de découvrir une histoire relativement bien écrite et aux protagonistes intéressants. Mais faisons les choses dans l’ordre :

Pandora Hearts nous raconte la quête d’Oz, un jeune garçon condamné à être jeté dans l’Abysse, une sorte de dimension parallèle où le cours du temps est complètement différent et où il devra errer pour l’éternité. Malheureusement pour notre héros, les lieux sont aussi habités par des Chains, créatures avides d’âmes humaines (un plat visiblement très prisé par tout monstre de fiction, ça doit vraiment avoir bon goût…). Avec l’aide d’une Chain nommée Alice (une jeune fille qui cache l’apparence d’un sanguinaire lapin noir), il va réussir à s’échapper pour retourner dans le monde réel afin de découvrir les raisons de sa condamnation.
Au fil de ses découvertes, il fera la connaissance de nombreux protagonistes tous plus ou moins liés à l’Abysse. Mais surtout, il tentera de percer le mystère de la Tragédie de Sablier, un évènement majeur survenu il y a 100 ans et qui semble receler bons nombres de réponses.

A la lecture de ce synopsis, on est en droit de s’attendre à une série shônen classique dans la pure tradition du genre. Toutefois, Pandora Hearts parvient à sortir du lot car dispose de pas mal d’atouts dans son jeu.

Commençons par la base. Ce manga est beau. Que l’on soit sensible ou non au style de la dessinatrice, c’est pour moi un fait difficilement contournable. Il y a un soin tout particulier accordé à la mise en page qui rend les scènes lisibles et fluides. De ce fait, les émotions des personnages sont très bien retranscrites. Ces derniers sont assez nombreux mais disposent de looks facilement identifiables pour que, malgré un charadesign assez uniforme, ont sache toujours à qui on a affaire. Note spéciale pour les différentes tenues et costumes, on est face à un véritable défilé et on sent que la mangaka s’est fait plaisir (et les cosplayers doivent sans doute la remercier pour ça).
Seul reproche éventuel, les décors sont souvent aux abonnés absents. Si l’auteure prend bien le temps de situer les protagonistes, une fois fait, les planches sont la plupart du temps assez vides. Un détail qui ne gâche en rien la lecture ou la mise en scène, mais je me devais de l’indiquer par soucis d’honnêteté.

Quant au fond, c’est clairement sur ce point que le manga m’a particulièrement plu. En relisant la série d’une traite, on sent une vraie maîtrise de l’univers proposé et aucun détail n’est laissé au hasard. La narration est principalement construite autour des relations entre les personnages. Ainsi la mangaka tente de développer chacune d’elles en abordant des thèmes divers et variés : amour, amitié, loyauté, fascination… Il y a vraiment de tout. Et c’est selon moi la force de ce titre : arriver à faire interagir autant de personnages sans tomber dans la redite ou les doublons. Un sacré tour de force qui ne fait que renforcer l’attachement du lecteur pour les protagonistes.
Enfin, j’ai trouvé l’univers de Pandora Hearts très cohérent avec lui-même. S’il y a peut être quelques faiblesses d’écritures par moment (surtout pour maintenir artificiellement une forme de suspense sur certains évènements ou personnages), on sent la volonté de proposer un récit avec ses propres codes et règles. L’histoire a son lot de moments forts, on se surprend alors à mieux comprendre certains choix (les références à l’œuvre de Lewis CAROLL ne sont pas si anodines que ça) et j’irai même jusqu’à dire que certaines révélations finales sont assez culottées. Bref, une très bonne surprise qui rend mon affection pour ce manga d’autant plus grande.

Après, il y a néanmoins quelques petits défauts. Le principal selon moi est que le traitement des personnages n’est pas toujours très équilibré. Par exemple, Gilbert (le valet d’Oz, visiblement gros chouchou de la mangaka) est beaucoup trop présent et lié à trop d’histoires parallèles pour que cela reste toujours crédible. De ce fait le développement des autres personnages est parfois très en retrait (principalement les Baskerville) ou trop étalé sur le récit. A l’image du personnage d’Echo qui est développé trop tardivement et qui perd ainsi beaucoup en intérêt.
Enfin, même si ce n’est pas un problème en soit, j’ai parfois tiqué sur le côté crypto-gay non assumé de l’œuvre. Clairement, pour une histoire composée à 75% de personnages masculins (et beaux de surcroit), je trouve que ça se tripote un peu trop parfois (oui Vincent c’est de toi que je parle, arrête de toucher ton frère comme ça, c’est gênant…). Pour autant, il n’y a pas un seul couple gay officiel dans l’histoire. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait souvent de contraintes éditoriales, mais du coup c’est plus du fan service et cela apporte peu au niveau de la trame. Et quand on voit la multitude de relations que la mangaka a choisi de développer dans son univers, c’est étrange (vu le contexte) d’avoir complètement fait l’impasse sur une relation de ce type. Je n’ai ma foi peut être pas toutes les cartes en main pour expliquer cela…

Mais il s’agit là d’éléments minimes qui n’entachent en rien le plaisir du lecteur. Avec ses 24 tomes et sa conclusion plutôt réussie, Pandora Hearts est une belle et bonne série qui peut fièrement trôner sur votre étagère et que vous pouvez recommander sans honte. Facile à lire et très agréable à regarder, encore une bonne pioche pour l’éditeur Ki-oon qui possède avec ce titre, une des meilleures séries de son catalogue.

Et pour illustrer le tout, voici Elliot, sans aucun doute mon personnage préféré  °^°

ElliotArticle150


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Yatuu : Militer en BD

Cette année, j’ai pris quelques bonnes résolutions. La première est de me remettre à regarder des séries TV (merci NetFlix) et la seconde et de recommencer à parler un peu de BD sur le blog. Parce que mince, vu le nombre de BD que je consomme par mois, c’est quand même un comble de ne pas arriver à prendre le temps de vous parler de certains titres ou de certains auteurs. Voici donc une nouvelle chronique BD qui j’espère sera la première d’une longue série. Je souhaite commencer par une dessinatrice dont j’admire le travail depuis un bon moment : Yatuu.
J’ai découvert Yatuu en 2012, lorsque j’ai ouvert ce blog. La jeune dessinatrice a tout de suite fait partie de mes blogueuses préférées. Avec son trait cartoon aux influences manga complètement assumées, j’ai rapidement adhéré à son univers et au ton général de ses strips. Pourtant, cela aurait pu se passer autrement, vu le côté assez militant de son travail.

Je vais en effet vous confesser quelque chose, j’ai beaucoup de mal avec le militantisme, et ce quelque soit le sujet. J’aime me forger un avis et je reste très ouvert à l’idée le faire évoluer en fonction de mes rencontres et de mes découvertes. J’ai par contre beaucoup de mal lorsque l’on cherche à m’imposer une vision ou que l’on essaie de me mettre dans une petite case parce que je pense tel ou tel truc. Raison pour laquelle je ne me reconnais jamais complètement dans un mouvement.
Et pourtant avec Yatuu ça passe. Je ne sais pas si c’est dû à son humour, à sa manière d’aborder les différents sujets ou tout simplement à son trait qui me plait beaucoup. Mais toujours est-il que sur tous les thèmes qu’elle a pu aborder, elle m’a toujours semblé taper juste sans entrer dans la facilité ou la caricature grotesque. Je vous propose donc de découvrir son travail au travers de ses différents albums.

Yatuu_Albums

Pour commencer, il y a eu Moi, 20 ans, diplômée, motivée… exploitée. Dans ce premier album, Yatuu aborde le sujet des stagiaires en communication visuel et leur exploitation par les boites de com. Entre emplois fictifs, promesses de CDD/CDI jamais tenues, abus de pouvoir et autres joyeusetés, la dessinatrice expose ses débuts et déboires dans le milieu, non sans humour, même si certaines situations ont dû la faire rire jaune sur le moment. Si le dessin est encore un peu hésitant (et qu’il faut adhérer à son style très deformed), le propos n’en reste pas moins drôle et intéressant (pour avoir côtoyé un peu cet univers, je ne suis guère surpris par le contenu de cet album). Un premier coup d’essai réussi selon moi, qui demeure une bonne mise en bouche.

Est apparu ensuite Génération mal logée. Dans cet ouvrage en deux volumes (qui existe en intégral depuis), Yatuu laisse les anecdotes pour une fiction traitant de la difficulté à se loger sur Paris. Sur toute la collection, il s’agit du titre que j’aime le moins. Si l’humour est toujours au rendez-vous et que les anecdotes font sourire et/ou surprennent (loyer en nature… sérieux ?!), le passage a la fiction ne se fait pas si simplement. En effet, si le premier tome se lit relativement bien, le second qui tend plus à développer les personnages qu’à multiplier les anecdotes, m’a paru relativement poussif et se termine un peu en queue de poisson. Ainsi, même si le thème est très intéressant et que l’ensemble se lit, j’ai trouvé l’histoire un peu molle et je suis resté sur ma faim. Mais ça reste selon moi la seule ombre au tableau de la collection, car les albums à venir sont des petites pépites.

En 2014, Yatuu s’est lâchée et a sorti 2 albums : Hé! Mademoiselle! qui traite du harcèlement de rue et Sasha qui se penche sur le harcèlement au collège. Année à thème donc. Pour le premier ouvrage, j’avoue y être allé à reculons. Le harcèlement de rue, c’est un peu le sujet à débat de 2014 dont on a parlé jusqu’à l’écœurement (ce que je trouve plutôt dommageable car le sujet reste sérieux et important). J’avais donc peur de l’effet de mode (c’est un peu triste dit comme ça, mais on en est là) et que la dessinatrice tombe malgré elle dans le cliché. Mais c’est ici que réside la force de Yatuu : se servir habilement de l’humour pour traiter un sujet polémique. Et je me suis vraiment bidonné en lisant cet album. Les gags fonctionnent, tout le monde en prend pour son grade et on sent une volonté de ne pas faire de généralités, autant du côté des garçons que des filles. Il y a une vraie justesse dans le propos et on sent l’envie de dénoncer la pratique sans passer pour une donneuse de leçon.
Sasha est clairement dans la même veine, bien que le format diffère un peu. On suit donc les aventures de la jeune Sasha qui subit des brimades au collège à cause de son apparence et son caractère de garçon manqué. Malgré encore une fois un sujet sensible, Yatuu décide de l’aborder sous un autre angle : bien que Sasha soit la victime, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. L’auteure propose ainsi des situations certes rocambolesques, mais qui suffisent à donner une crédibilité au récit tout en évitant de tomber dans le pathos. Et c’est encore une fois une réussite tant l’album (qui sent quand même vachement le vécu…) est agréable à lire.

Et enfin, dernier ouvrage en date : Pas mon genre! qui traite, je vous le donne en mille, du genre masculin/féminin. Dans la catégorie sujet casse-gueule, je crois qu’on est en tête de peloton. Cet album, j’ai vraiment hésité à l’acheter. Pas que je ne fasse pas confiance à Yatuu, mais le sujet à tendance à m’agacer, tellement j’entends tout et n’importe quoi dessus. Mais en tant que fan de la dessinatrice, je ne pouvais pas faire l’impasse dessus. Et heureusement que j’ai franchi le pas : cette BD est ma préférée de toute. Oui oui.
Car Yatuu a choisi le mode de narration le plus juste selon moi : parler de sa propre expérience. Ici pas de théorie, de suppositions ou d’idées reçues. La dessinatrice nous raconte son histoire, ses mésaventures et son quotidien. Pas de leçon de morale ni rien qui s’y apparente. Juste le témoignage sincère d’une jeune femme qui a toujours eu du mal à se reconnaître dans les codes imposés par la société. Et bien que l’humour soit toujours au rendez-vous, on sent quelque chose de très sincère et intimiste dans cet album, qui rend ainsi le propos bien plus recevable et, de mon point de vue, lui donne toute son identité et sa valeur.

Bref, vous l’aurez compris, j’aime énormément le travail de Yatuu. C’est une de mes plus belles découvertes francophones et je vous encourage à vous y intéresser. Peut être que vous n’accrocherez pas à tous les sujets, ni à son style très typé manga qui pourrait en rebuter certains. Mais ce serait passer à côté du potentiel que renferment ses ouvrages, que ce soit en termes d’humour ou d’approche. Donc foncez !

Et vu que le style s’y prête, voici une version Chibi de Yatuu par votre serviteur °^°

YatuuBD


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All You Need Is Kill : Crédits illimités

Alors que mon style graphique en témoigne largement et que je me suis toujours revendiqué comme un lecteur de BD assidu, je viens de m’apercevoir que je n’avais rédigé sur ce blog aucune chronique sur un manga. C’est fou non? Je me suis dit qu’il fallait remédier à cela. J’ai donc choisi aujourd’hui de vous parler de ma petite découverte d’il y a quelques mois : All You Need Is Kill, série en 2 tomes sortis chez Kaze Manga.
Il s’agit de l’adaptation d’un roman de SF japonais qui a également eu droit à une adaptation au cinéma cette année, sous le titre d’Edge of Tomorrow, avec Tom CRUISE et Emily BLUNT. En sachant que j’ai vu ce film et que je l’ai fortement apprécié, j’avais hâte de découvrir cette version manga, surtout que les deux productions sont relativement différentes dans leur traitement de l’histoire et des personnages, et du coup, se complètent plus qu’ils ne s’assimilent.

Dans un futur proche, une race extraterrestre hostile du nom de Mimic envahit la terre et compte bien décimer toute la population humaine (normal quoi). Dans ce contexte post-apocalyptique, nous allons suivre le personnage de Keiji, jeune soldat qui, pour de mystérieuses raisons, recommence inlassablement la même journée chaque fois qu’il meure au combat face aux Mimics.
Grâce à son speech simple et son nombre de personnages restreints, nous rentrons rapidement dans le vif du sujet. Très vite, nous allons apprendre avec Keiji les différentes règles des boucles temporelles, ce qui les provoque et comment cela pourrait éventuellement l’aider à gagner la guerre et, accessoirement, y survivre. Il sera rejoint à mi-parcours par Rita, une jeune femme soldat qui semble en savoir beaucoup sur ce qui lui arrive.

En terme de scénario, on peut dire que c’est un quasi sans faute. L’univers et ses règles sont cohérents, la psychologie des personnages est bien travaillée et on se prend vraiment au jeu pour savoir comment nos héros vont s’en sortir. Le choix de ne se focaliser que sur deux personnages (Keiji dans le premier tome et Rita dans le deuxième) permet de nous y attacher rapidement et de nous sentir concerner par leur combat.
De plus, la fin est très différente de celle proposée par le film (qui d’ailleurs raconte une histoire ayant peu de similarité hormis le concept de base) et reste dans le ton de l’ensemble du manga. Ainsi on apprécie que le récit se termine proprement, même si personnellement, j’aurai bien passé un tome de plus en compagnie de Keiji et Rita.

Quant à l’aspect graphique, on peut dire que l’on est bien gâtés. On retrouve au dessin l’auteur de Death Note et Bakuman, donc forcément ça pète la classe. Il est d’ailleurs sympa de voir son trait dans un contexte plus action, avec des passages visuellement savoureux. Attention toutefois, c’est parfois très violent graphiquement, même si cela aide fortement à l’immersion.

Bref, en 2 tomes, nous découvrons une histoire très plaisante à lire, cohérente jusqu’au bout et disposant d’un univers bien construit et sans réels défauts apparents. Si vous avez l’occasion de lire cette courte série, vous pouvez y aller sans hésitation, vous ne regretterez pas le voyage. Et mattez le film aussi, il est bien cool et bien badass!!

AYNIK


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City Hall : Dessine moi un mouton

City Hall est une BD assez atypique qui a pris le parti d’être publiée au format « manga », à savoir petit format, noir et blanc et charadesign aux influences nippones évidentes. Nombreux sont les auteurs a avoir tenté l’expérience et s’y être cassés les dents. Qu’a donc City Hall pour avoir réussi là ou tant d’autres ont échoué?

Alors déjà premier constat : c’est beau. C’est très beau même. Guillaume LAPEYRE possède un trait vraiment agréable à l’œil. On sent les influences mangas (le duo de héros m’a fait pensé à celui de Bakuman au début…) mais cela reste un style personnel et identifiable. L’univers Steam punk de l’histoire est parfaitement retranscrit aux travers des décors et des objets qui ont vraiment beaucoup de charme et annoncent un univers riche et profond.
Mais de beaux graphismes, ça ne suffit pas (même si dans notre cas, la moitié du chemin a déjà été parcourue!). Il faut aussi que l’histoire tienne la route. Et là encore, City Hall relève le défi haut la main. Imaginez : un monde alternatif où tout ce que vous écrivez sur un morceau de papier prend vie et agit selon vos indications. Bien entendu, le papier est devenu un objet interdit vu qu’il fut utilisé lors de guerres sanglantes. C’est dans cet univers que l’on va suivre les péripéties de Jules VERNE (oui oui, LE Jules VERNE!) et de son acolyte Arthur Conan DOYLE (oui oui, LE Arthur Conan DOYLE!), qui vont être confrontés à un mystérieux personnage masqué, Black Fowl, qui semble en possession de papier et bien décidé à semer le chaos dans la ville de Londres. Franchement… ça déchire.

Seulement voilà, si cet univers serait parfait une BD d’action, les auteurs ont, contre toute attente, préférait en faire un thriller. Ma foi, pourquoi pas, cela n’empêche pas d’avoir des combats titanesques de Papercut (les créatures naissant par le biais du papier). Cependant, l’histoire n’est pas assez « riche » pour tenir sur les 3 tomes qui composent la série. Ainsi, après un démarrage en trombe, le deuxième tome est d’un ennui mortel, bourré de textes pas forcément intéressants et qui peinent à indiquer au lecteur dans quelle direction se dirige le scénario.
Heureusement les choses s’arrangent grandement dans un troisième volume explosif, qui nous mène vers un final de génie, faisant regretter que la série s’arrête en si bon chemin (j’espère que les rumeurs d’un deuxième cycle sont fondées!). City Hall mériterait en effet de continuer à développer son univers, vu le nombre de personnages sous exploités et le mystère autour de Black Fowl pas complètement résolu. D’ailleurs, si je pourrais faire un reproche au titre, c’est de s’amuser à utiliser beaucoup de personnages historiques pour ne finalement pas en faire grand chose.

Que donc pensez de City Hall ? Et bien que pour une BD française au format manga, ça n’est vraiment pas mal du tout! L’univers et les graphismes sont sa grande force, ainsi que son final tellement bien trouvé qu’aujourd’hui encore, j’en viens à souhaiter désespérément une suite. Dommage toutefois que le titre soit parfois si verbeux (le tome 2 était un supplice… vraiment) et que les personnages soient trop nombreux et pas assez approfondis. Mais à part ça, on ne peut que saluer le travail de Rémi GUERIN et Guillaume LAPEYRE qui nous livre un projet ambitieux et cohérent avec leur démarche. Chapeau messieurs!

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Scott Pilgrim : Shame on You!

J’ai découvert Scott Pilgrim à travers le jeu vidéo disponible sur les plates-formes de téléchargement depuis 2010. J’ai été rapidement charmé par son aspect volontairement rétro (sonorité 8 bits et gros pixels) et par ses multiples références à l’univers geek. On m’a alors appris (au cours d’une partie) que ce jeu est en fait l’adaptation d’un comics, et qu’il a également fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Cette dernière vue (et plutôt appréciée), je me suis alors procuré l’intégrale des comics, histoire d’affiner mon impression de cet univers. La chronique qui va suivre va donc se concentrer uniquement et exclusivement sur la version d’origine, le comics donc.

Scott Pilgrim, c’est l’histoire d’un jeune canadien de 23 ans qui, pour sortir en paix avec sa petite amie répondant au nom de Ramona Flowers, va devoir affronter ses 7 ex-maléfiques et ainsi s’assurer l’exclusivité de la belle. Il sera entouré d’une bande d’amis plus ou moins farfelus, qui seront spectateurs mais aussi intervenants dans cette intrigue digne du scénario d’un Megaman.

La chose qui saute au yeux quand on commence cette série, c’est le style assez particulier de l’auteur. Les premières planches sont assez vides, le style graphique plutôt grossier et l’encrage laisse parfois à désirer. On a aussi du mal à différencier les personnages au début. Cependant, l’ensemble devient plus harmonieux au fil des tomes, pour finalement se clôturer sur un charadesign assez rondouillard et légèrement japonisé.
Cette impression que le comics mue presque en manga n’est cependant pas si surprenante, vu que l’histoire contient énormément de références aux jeux vidéos japonais des années 80-90 (et ceux jusque sur le dos des couvertures), ainsi que plus globalement à toute l’imagerie de la pop-culture de ces années-là. Si comme moi vous avez entre 25 et 30 ans, vous risquez de parfois sourire lors de l’évocation de telle ou telle référence, bien qu’il s’agisse plus souvent de fan-service.

Toutefois, tome après tome, on est surpris par la tournure que prend le scénario. Alors que l’on s’attend à de nombreux combats impliquant Scott et les 7 ex, la série se révèle être plus une série dite « tranche de vie » qu’autre chose, voir carrément une comédie romantique! Ainsi, les affrontements contre les ex de Ramona sont souvent expédiés, l’auteur préférant se focaliser sur le quotidien de son héros et de ses problèmes de coeur. Ainsi, on comprend en terminant le dernier volume le message sous jacent que l’auteur a cherché à passer, qui est celui du passage à l’âge adulte. Ma foi… Pourquoi pas? Mais il est regrettable qu’il n’est pas osé plus de folies (surtout à mi-parcours, les tomes 3 et 4 sont chiants à en crever) et surtout, selon moi, de n’avoir pas réussi à rendre son principal protagoniste attachant.

En effet, difficile d’avoir envie de suivre les péripéties d’un personnage aussi fade que Scott Pilgrim. Son comportement est cohérent avec le message véhiculé, mais cela n’empêche pas que l’on a constamment envie de lui foutre un coup de pied au cul. Et c’est d’autant plus regrettable que les autres personnages qui l’entourent sont la véritable force du comics. En plus d’être varié et plaisant, le casting de Scott Pilgrim comprend bon nombre de personnages haut en couleurs et dont on guette la moindre apparition. Wallace Well, Kim, Knives (17 ans), Ramona, Envy… Ils sont trop nombreux pour être tous cités, mais sont ceux eux le vrai moteur du série et le leitmotiv du lecteur.
Car en plus d’avoir une identité visuelle, ils ont surtout des caractères bien trempés qui se manifestent au travers de dialogues absolument succulents. L’éditeur français Milady a d’ailleurs fait un excellent travail de traduction et les conversations des personnages sont parfois drôles, parfois touchants… Il y a une vraie force à ce niveau et cela permet de faire passer la pilule vi-à-vis de la trame un peu ennuyeuse par moment.

Donc que retenir du comics de Bryan Lee O’MALLEY? Ce n’est clairement pas un sans faute, bien que bon nombre d’idées soient louables mais finalement mal utilisées. Les graphismes très moyens au début, le rythme trop lent au milieu de l’histoire avec sa fin pas très claire et surtout son héros antipathique, empêchent Scott Pilgrim de faire partie des incontournables. On saluera toutefois la qualité des dialogues et du casting général qui permettent malgré tout de passer un bon moment devant cette série en 6 tomes. Pas exceptionnel donc mais je ne regrette pas pour autant mon achat.

Et je clôture avec un fanart avec Wallace et Kim, respectivement mes personnages masculin et féminins préférés.

Wallace_Kim