L'Atelier d'AngelMJ


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Philomena : Chemin de croix

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté la rentrée a été assez violente! A peine revenu des congés que le rythme effréné du travail a repris de plus bel, bon gré mal gré. Malgré tout, s’il y a bien une chose que je veux continuer à faire encore en 2014, c’est multiplié mes excursions au cinéma. C’est mon moment à part, mes instants de détente de la semaine. Et on peut dire que cette année démarre plutôt bien, car parmi les films que j’ai pu commencé à voir, il n’y a pas eu de déceptions particulières, bien au contraire. Et à ce propos, j’aimerais vous parler de mon petit coup de coeur de la semaine dernière : Philomena.

Inspiré d’un roman relatant des faits réels, Philomena raconte l’histoire d’une femme irlandaise qui va tenter de retrouver son fils, Anthony. Dis comme ça, cela semble assez banale, mais le contexte se révèle assez sombre. Nous sommes au début des années 50, Philomena tombe enceinte alors qu’elle est encore jeune. Elle est donc envoyée au couvent où elle devra travailler pour rembourser les frais de son accouchement, effectué par les nomes du dit couvent. C’est là qu’elle se verra retirer son fils, adopté par une autre famille, contre son gré bien entendu.
Le film se focalise donc sur la quête de cette femme, 50 ans plus tard, pour retrouver cet enfant qu’elle n’a jamais pu oublier. Ce drame est monté comme un thriller, où Philomena, accompagnée du journaliste Martin SIXMITH (qui a écrit le roman d’origine), va multiplier les recherches et les indices, afin de les mettre bout à bout et remonter la piste jusqu’à Anthony. Le récit est à ce niveau plutôt bien rythmé, cohérent, et l’on suit l’enquête avec intérêt et passion.

Il faut dire que la quête de la vieille dame sera l’occasion pour le film d’aborder de nombreux sujets qui, s’ils étaient mal traités, auraient pu tomber facilement dans le cliché et la critique. Mais forte heureusement, il y a une vraie justesse dans les dialogues et les personnages. Le duo que forme Philomena et Martin fonctionnent à merveille. Elle est croyante, naïve et cherche à voir le bon en tout. Lui est athée, aigri et voit le monde de manière très pragmatique. Ce grand écart de personnalité donnera ainsi lieu à des discussions savoureuses voir très drôles, où chacun confrontera ses opinions, ses points de vues, le tout se mêlant parfaitement à l’intrigue et sans jamais prendre partie. Il y a un vrai équilibre salutaire à ce niveau, le film laissant au spectateur le soin de choisir son « camp », sans jamais lui forcer la main.
Cela permet de contrebalancer avec la véritable tragédie qu’a vécu Philomena. Pour le coup, l’église catholique en prend vraiment pour son grade et certaines situations sont à la fois choquantes et bouleversantes. Il est d’ailleurs intéressant de voir que le film est pleinement conscient de cela au travers du personnage de Martin, qui encouragé par la directrice éditoriale, ne se gêne pas pour présenter les bonnes soeurs comme les méchantes de l’histoire. Car il faut trouver un coupable à tout ça, que ce soit « Dieu » ou ses représentantes. Et c’est pour moi tout le coeur du film, ainsi que sa grande force. Face à une situation injuste et inhumaine, il est intéressant de voir le cheminement de Philomena, qui voit dans la recherche de son fils perdu une forme de rédemption, de chemin de croix, chose qui énervera profondément Martin qui ne comprend pas qu’elle puisse se sentir coupable de quoi que ce soit. Tous ces aspects seront magnifiés par une confrontation finale absolument poignante, où chacun devra faire face à tous ces évènements et faire ses choix. Bons, mauvais… Le spectateur en demeurera seul juge, et pour le coup c’est très appréciable de ne pas avoir de point de vue imposé.

Mais tout cela n’aurait pas pu fonctionner sans des acteurs de qualité. Judi DENCH (qui sera toujours M des James Bond pour moi ^^) est absolument impeccable dans son rôle, d’une justesse et d’une cohérence à tomber par terre. C’est le véritable atout du film, sa plus grande force et la raison numéro une de se pencher sur ce film. Quant à son acolyte, interprété par Steve COOGAN, il est également excellent en journaliste désabusé qui se fait sermonner à la moindre occasion par ce petit bout de femme, créant une vraie alchimie entre les deux personnages à laquelle on ne peut que croire et adhérer.

Vous l’aurez compris, Philomena m’a conquis. Il est rare de voir de nos jours des drames qui arrivent à trouver un équilibre si parfait entre le tragique et le comique. On ne rit pas non plus à gorge déployée, mais tous ces petits moments d’insouciante permettent de rendre le film plus souple, plus digeste, et ainsi plus agréable à suivre et à regarder. Les acteurs sont tous excellents et les thèmes sont traités avec sagesse et retenu, laissant toujours au spectateur la liberté de se faire son propre avis. Bref, une vraie réussite dans sa catégorie que je vous conseille vivement.

PhilomenaShadow

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