J’ignore ce qui m’a conduit à aller voir Young Adult. La bande annonce n’était pas transcendante et les thèmes abordés semblaient annoncés un film tire-larme et moralisateur. Pourtant, c’est sans la moindre hésitation, ni la moindre attente, que je me suis retrouvé assis à regarder la dernière production Jason Reitman. Et pour sûr, je suis content de ne pas avoir trop perdu mon temps.
Le film possède une aura toute particulière. Alors que l’action semble se dérouler à notre époque, l’histoire baigne dans une atmosphère nostalgique. Les vêtements que porte Mavis Gary (le personnage principal joué par Charlize Theron), sa voiture, le fait qu’elle écoute des cassettes audio (qui vous rappelle gentiment que vous commencez à prendre de l’âge ^^ »)… Tous ces détails habilement utilisés sont des éléments révélateurs de l’état psychique de Mavis : une femme magnifique et carriériste, dont la mentalité et les sentiments sont restés bloqués à la fin de son adolescence.
La dépression et le déni sont les 2 thèmes principaux du film. Ces deux sentiments vont pousser notre héroïne a commettre des actes et à prendre des décisions à la fois tristes et choquantes. En effet, Mavis va tenter durant tout le film de reconquérir son premier amour de lycée, alors que ce dernier est marié et avec un jeune enfant fraîchement arrivé.
Les situations pourraient rapidement tournées en défaveur du personnage, magistralement interprété par Charlize Theron. Pourtant, le fait de suivre exclusivement cette dernière nous présente un personnage torturé et perdu, qui se cache à chaque occasion derrière des vêtements luxueux et un maquillage parfait, alors que lorsqu’elle est seule, on la voit engloutir des litres de Coca et d’alcool, se gaver de nourriture fast-food, et de s’arracher méticuleusement les cheveux à l’arrière du crâne.
Notre héroïne d’infortune est par ailleurs convaincue que son amour de jeunesse est encore sous son charme. Le spectateur, tout comme les autres personnages de l’histoire, assiste alors à un combat qu’il sait perdu d’avance. En découle finalement, bien plus que du mépris, une véritable empathie pour cette femme complètement brisée dont chaque action, aussi injustifiable soit-elle, l’entraîne toujours plus profond dans sa torpeur et son fantasme mental.
Le film ne cherche d’ailleurs ni à expliquer pourquoi elle en est arrivé là, ni à proposer la moindre morale, le film se terminant de manière assez naturel, nous évitant des discours finaux trop moralisateurs et des scènes larmoyantes qui auraient ôter au film une partie de son identité.
Young Adult est donc un road-strip au côté d’une femme complexe, que l’on n’arrive ni à aimer ni à détester, et qui laisse un sentiment étrange une fois la dernière séquence achevée. L’ensemble m’a vraiment dérouté mais me laisse, au final, un impression plutôt positive.
A noter au passage la véritable performance de Charlize Theron, qui parvient à donner à son personnage une authenticité incroyable.